En préparation à mon séjour à Baie-St-Paul (26e Symposium international d’art contemporain), j’ai confectionné des drapeaux grand format monochromes qui utilisent la symbolique de la couleur : un blanc pour la paix, la capitulation; un noir qui ouvre sur la piraterie, la mort; un bleu foncé qui émoustille l’oeil… L’interprétation varie selon le regard, qu’il soit ludique, esthétique, politique ou autre.
Pendant cette résidence d’un mois, j’ajouterai aux grands formats des emblèmes drapeaux-nuages . L’ajout de nouveaux emblèmes (les drapeaux-nuages) sur ces grands formats provoque un remixage des pays… et questionne la notion d’appartenance à un territoire. Un travail à la fois anachronique et actuel : qui prend sa source et se construit à la manière des mosaïques anciennes, s’apparente au pointillisme et déconstruit l’image en pixels. Ces assemblages proposent un emblème “melting-pot”, transposition ou contrefaçon de ce symbole.
Drapeau-nuage de la Chine sur endos du grand drapeau blanc réversible
Drapeau-nuage du Québec sur grand drapeau bleu réversible
Une accumulation de graffiti au mur incite le regard au vagabondage, le détournant de son intérêt premier : l’attrait pour la somptuosité de cette matière et l’assemblage méticuleux des grands formats monochromes… Copiées à partir des écritures sur les étiquettes, ces inscriptions reportées au mur forment ainsi une sorte de listing des provenances tous azimuts et des logos de marques étranges qui apparaissent sur les vêtements et rythment ici l’espace.
Détails, Josette Villeneuve, travail in situ.
Josette Villeneuve (photos : Marie-Kim Lavigne, Philippe Jobin)
Howie Tsui (Ontario), Derek Mehaffey Aka Other (Colombie-Britannique), Anibal Catalan (Mexique), Annie Baillargeon (Québec), Graeme Patterson (Nouvelle-Écosse), Mathieu Valade (Québec), Sylvain Bouthillette (Québec), Josée Landry-Sirois (Québec), Véronique Isabelle (Québec) et Fanny Mesnard (France), Josette Villeneuve (Québec) et Dan Brault (Québec).
Le mot de Geneviève Loiselle de l’hebdomadaire Voir Québec dans l’édition du 21 août 2008…:
Une revue ouverte sur un article consacré à Jasper Johns traîne dans le coin de Josette Villeneuve. Il fallait s’y attendre puisque l’artiste représente elle aussi des drapeaux. Son oeuvre ne porte cependant pas sur la peinture. Villeneuve travaille plutôt à partir d’un matériau pauvre mais d’une richesse sémantique inouïe: des étiquettes de vêtements. Elle les assemble de manière à créer des drapeaux de pays à l’iconographie détournée. En cousant ensemble ces banals morceaux de tissu, elle construit un discours qui touche aux problématiques de l’heure: mondialisation des marchés et mutations identitaires.